« RAPPEL À L’ORDRE » HAUSSE LE TON, RÉTABLIT LA VERITÉ ET PREVIENT LE PM : Ousmane Sonko sommé de rendre des comptes le jour du Téra meeting du 8 novembre

Un mouvement en crise, mais lucide
La fracture est désormais ouverte au sein du mouvement Rappel à l’ordre. Alkhaïry, membre fondateur, ne cache plus son amertume face à ce qu’il appelle « la trahison des profiteurs ». « Nous reconnaissons notre erreur d’avoir mis au-devant de la scène des opportunistes. Nous les avions choisis par principe, non par personne », confie-t-il, avant d’ajouter : « ces mêmes individus ont voulu faire croire que le mouvement était infiltré par des militants de Pastef. C’est archifaux ». Pour Alkhaïry, il s’agit avant tout de rétablir la vérité : Rappel à l’ordre n’est ni une courroie de transmission politique ni un appendice du pouvoir actuel. « Nous sommes constants dans nos principes. Ceux qui ont quitté le mouvement ont trahi son esprit et ont cherché à s’approprier une initiative citoyenne qui appartient à tous », martèle-t-il.
Un appel à la reddition de comptes
À quelques jours du grand meeting d’Ousmane Sonko prévu le 8 novembre, le mouvement veut placer le Premier ministre face à ses propres engagements. « Ce qu’on attend de Mandoumbé, c’est qu’il nous présente les preuves des 94 milliards dont il a accusé Mamour Diallo, les 29 milliards du Prodac, et les 1000 milliards évoqués sans nommer personne », énumère Alkhaïry.
Et de poursuivre : « il doit aussi édifier les Sénégalais sur la dette cachée et les dépenses non inscrites dans le rapport du troisième trimestre. Tant qu’il ne fera pas la lumière sur ces points, qu’il sache que Rappel à l’ordre ne le suivra pas. » Le mouvement citoyen refuse de cautionner un pouvoir accusé de cultiver l’opacité après avoir bâti sa légitimité sur la promesse de transparence.
“Sonko veut tout contrôler”
Pour Alkhaïry, le problème du Premier ministre est plus profond. « Il veut personnaliser le pouvoir. Rien ne bouge sans son onction. Aucun membre du gouvernement ne parle librement ». Il fustige également le silence sur la gestion des fonds intergénérationnels liés au pétrole. « Ce qu’on n’a pas pardonné à Macky Sall, il ne doit pas espérer l’obtenir. Qu’il ouvre les prisons et qu’il assume ses responsabilités. La population est désabusée », prévient-il.
Assane Guèye appelle à l’unité, mais reste ferme
De son côté, Assane Guèye, membre du collectif Nittu Dëgg et figure de Rappel à l’ordre, tente de calmer le jeu tout en recadrant les dissidents. « Rappel à l’ordre est un collectif citoyen, pas un mouvement politique. Nous tendons la main à tous, mais ceux qui quittent n’ont pas à tout emporter. Notre récépissé n’appartient à personne ». Pour lui, le combat du mouvement reste ancré dans la citoyenneté et la vigilance démocratique, loin des calculs partisans.
Le 8 novembre sous tension
À quelques jours du grand rendez-vous de Sonko, les critiques se multiplient. L’heure n’est plus à la ferveur populaire mais à la demande de résultats concrets. Entre promesses non tenues, silence sur les finances publiques et contrôle excessif du discours gouvernemental, Rappel à l’ordre annonce la couleur : le soutien citoyen ne sera plus un chèque en blanc.
Et Alkhaïry de conclure : « nous n’accepterons plus qu’on usurpe notre initiative. Le peuple n’est pas un marchepied pour ambitions personnelles. »
BMS