LA GUERRE DE LA DETTE SE JOUE À PARIS

La guerre de la dette sénégalaise ne se joue pas seulement dans les bureaux du FMI à Washington ou devant la Cour des comptes à Dakar. Elle se déroule aussi dans les cabinets parisiens, les agences de communication et les salons feutrés où se forgent les stratégies de riposte. Jeune Afrique lève jeudi 24 octobre le voile sur cette bataille de l’ombre qui mobilise avocats français, banquiers d’affaires et communicants de part et d’autre.
Dans un article signé Marième Soumaré et Fatoumata Diallo, la publication révèle que « le président Bassirou Diomaye Faye a sollicité plusieurs experts pour gérer l’épineux dossier de la dette cachée », tandis que « l’ancien président Macky Sall a, de son côté, lancé une contre-offensive afin de répondre aux accusations qui lui sont faites ».
« Pour l’assister, Dakar a également fait appel au cabinet Global Sovereign Advisory (GSA), fondé en 2019 par la Française Anne-Laure Kiechel – passée par la banque d’affaires Lehman Brothers à New York, où elle a commencé sa carrière, avant d’officier chez Rothschild », rapporte Jeune Afrique.
Ce cabinet, « qui garde le secret sur l’identité de ses clients, conseille plusieurs pays émergents, et notamment africains, sur des questions de financement et de politiques publiques ».
Mais voici le détail piquant : « Le cabinet parisien travaillait déjà pour l’État du Sénégal sous Macky Sall et conseillait le ministère des Finances, tout comme la banque Rothschild. »
Autrement dit, le même cabinet qui conseillait Macky Sall sur les finances publiques conseille aujourd’hui Bassirou Diomaye Faye dans sa négociation avec le FMI sur… la dette héritée de Macky Sall. Une situation qui pose question sur la continuité des conseillers alors que le discours politique a radicalement changé.
« Selon nos informations, GSA est à la manœuvre dans les négociations en cours entre le FMI et l’État sénégalais pour l’ouverture du nouveau programme », précisent les journalistes de JA. « Le cabinet, contacté par Jeune Afrique, précise également qu’il conseille le Sénégal sur des sujets stratégiques, économiques et financiers. »
Face à cette machine étatique, Macky Sall a mobilisé ses propres troupes. « De son côté, Macky Sall a également riposté sur le terrain de la communication. Soucieux de redorer son image, il est accompagné de l’agence Publicis, qui gère une partie de ses relations publiques », révèle Jeune Afrique.
L’ancien président ne lésine pas sur les moyens. « Il a fait appel à l’influenceur Aziz H. Rok, basé à Dubaï, qui se définit comme un ‘passionné d’intelligence émotionnelle’ sur ses réseaux sociaux. »
Sur le plan juridique, Macky Sall s’est également entouré. Le magazine mentionne « l’avocat français Antoine Vey, qui a déposé une requête en juillet devant les Nations unies concernant cinq anciens ministres inquiétés par la justice. »
Autre révélation de Jeune Afrique : « Macky Sall a fait appel à Amelia Six, ancienne directrice des affaires internationales de l’agence J5 co, spécialisée dans la communication et l’événementiel. »
« Celle-ci connaît bien l’écosystème sénégalais, puisque J5 co, créé par le Français Gérard Askinazi, est très actif au Sénégal. Lors de la dernière campagne présidentielle, le président sortant et le candidat Amadou Ba avaient fait

