Alors que la grogne monte dans les campus et que les étudiants expriment une nouvelle fois leur détresse face aux retards et insuffisances des bourses, certains analystes appellent à regarder au-delà des symptômes et à s’attaquer aux causes profondes de la crise. Pour beaucoup, le débat dépasse les seules allocations : il interroge la capacité du système d’enseignement supérieur à absorber une population estudiantine en forte croissance.
Selon les données disponibles, le Sénégal affiche aujourd’hui un ratio estimé à 1 enseignant-chercheur pour 80 étudiants, un chiffre qui ne prend même pas en compte les vacataires. Un niveau largement en dessous des standards internationaux, et qui pèse directement sur la qualité des enseignements, l’encadrement académique et la réussite des étudiants.
Malgré l’annonce par le gouvernement du recrutement de 500 nouveaux enseignants, plusieurs spécialistes jugent cet effort insuffisant pour combler le déficit structurel qui handicape les universités publiques. « Le problème est complexe et persistera tant que le ratio enseignants-étudiants ne sera pas sérieusement rééquilibré », déplorent-ils.
Cette tension structurelle a aussi des répercussions sur le dossier des bourses. En effet, une éducation de qualité est un droit pour tous les bénéficiaires, ce qui suppose des ressources humaines suffisantes, des encadreurs disponibles et des infrastructures adaptées. Sans cela, les bourses, même payées à temps, ne suffisent pas à garantir de bonnes conditions d’apprentissage.
Face à cette situation, plusieurs voix appellent l’État à adopter une stratégie globale, ambitieuse et durable : augmentation du personnel enseignant, investissements dans les capacités d’accueil, modernisation pédagogique et gouvernance renforcée.
« Il est urgent que la question du ratio enseignants-chercheurs devienne une priorité nationale, accompagnée de mesures concrètes et soutenues », plaide Fara Mbodji, RA UAD, qui exprime sa compassion envers les étudiants tout en invitant à regarder la problématique dans toute sa complexité.
RIOACTU.net
